Budget 2018 : Les premiers pas du grand pari de l’exécutif
Le mercredi 27 septembre, le premier projet de loi de finances (PLF) pour 2018 a été présenté devant les ministres afin de fixer le cap de l’année à venir. L’objectif est crucial car il rend compte des promesses de campagne et affiche aux yeux du grand public, une ligne de conduite en réponse aux hostilités naissantes de la rue.
Les grands gagnants de 2018
L’annonce du budget pour l’année 2018 a fait des heureux dans les quelques domaines où le gouvernement a choisi de concentrer ses contributions financières. Parmi eux, la défense voit généreusement son budget augmenter de 1,8 milliards d’euros, faible surprise tant Emmanuel Macron qualifiait de « priorité » la sécurité nationale lors de sa campagne.
De même, la promesse faite de miser sur le potentiel des jeunes générations est respectée par une hausse de 1,3 milliards d’euros du budget de l’éducation nationale. Cette somme servira notamment à la réalisation des tant attendues classes de 12 élèves en CP et CE1 dans les ZEP, mais aussi à la mise en place de « stages de réussite » pendant les vacances, et la proposition d’un temps d’étude accompagnée au collège. Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, promet également le recrutement sur 5 ans de 22 500 accompagnateurs pour les élèves en situation de handicap.
L’écologie sera elle aussi au cœur du grand chantier de 2018 avec un budget passant de 9,9 milliards d’euros en 2017 à 10,4 milliards en 2018. Parmi les grandes mesures lancées figurent l’élaboration d’un « chèque d’énergie » pour aider les ménages modestes en situation de précarité énergétique, le développement des énergies durables et une transition vers les véhicules propres. D’autres domaines seront également mis en avant comme la Justice et ses services pénitenciers, la marche vers une égalité entre les femmes et les hommes, sous oublier la sphère sociale.
Or, les mesures les plus attendues par les citoyens sont sûrement celles qui les touchent de manière directe. Ce budget prévoit alors la baisse simultanée de 10,3 milliards d’euro de prélèvements obligatoires sur les entreprises et sur les ménages. Pour les entreprises, le budget projette une exonération de 4 milliards sur le CICE et une baisse de 1,2 milliards de l’impôt sur les sociétés. Du côté des ménages, le gouvernement prévoit une transformation de l’ISF qui équivaudrait à une baisse de 3,2 milliards. Une exonération sur les taxes d’habitation de 3 milliards et l’organisation d’un prélèvement forfaitaire unique constituant une baisse de 1,2 milliards.
Des coupes budgétaires conséquentes et ciblées
Toutes ces mesures font parallèlement quelques mécontents qui devront supporter tant bien que mal des coupes budgétaires d’un total de 15 milliards d’euros. La sécurité sociale verra entre autre son budget réduit de 5 milliards d’euros, les collectivités territoriales de 3 milliards et l’État de 7 milliards.
Aussi, la baisse des emplois aidés, transférés vers une augmentation des formations, permettra une économie de 1,5 milliards d’euros à l’État mais ne devrait pas améliorer l’actuelle situation du chômage. Des économies sont également prévues sur les aides aux logements (à savoir les APL et les HLM) avec une promesse de restructuration de l’offre sur l’habitat. Enfin, le sport et les transports sont eux les « grands oubliés » du budget 2018, se voyant attribuer une faible part du-dit budget, réduisant donc leurs possibles marges d’action.
Le gouvernement a en effet décidé de faire des choix tranchés et assumés qui permettront selon lui de réelles économies plutôt que répartir des coupes minimes sur différents secteurs. Bercy a par ailleurs annoncé sans donner plus de précisions que d’autres restrictions se dessineront pendant le quinquennat.
Qu’en est-il de l’État français ?
Au grand plaisir de l’Union européenne , une baisse du déficit public de 2,6 % du PIB est prévue d’ici un an. La promesse d’Emmanuel Macron envers l’Europe de ramener le déficit public dans la limite autorisée sera donc lancée plus vite que prévue.
Pour ce qui est de la dépense publique qui devait rester stable, elle augmentera de 0,5 % (hors inflation) pour cause d’une « sous-budgétisation » de 5 milliards dans certains domaines selon Bercy.
Les recettes de l’État devront s’élever à 302 milliards d’euros (en majeure partie grâce aux taxes sur la consommation de produit énergétiques, sur la valeur ajoutée ainsi que l’impôt sur le revenu et sur les sociétés) et ses dépenses à 386,3 milliards, soit un déficit de 84,3 milliards.
Le gouvernement a conjecturé une stabilisation progressive des finances publiques dans la trajectoire quinquennale. La dette publique devrait en effet passer de 96,8 % du PIB à 91,4 % d’ici 2022 et les dépenses publiques devrait être ramenées à 50,9 % du PIB. Le grand défi du gouvernement sera donc d’opérer aux profondes modifications que sa tête pensante a promis lors de la campagne, tout en stabilisant les dépenses étatiques.
Même si les français ne s’attendent pas à un miracle dès la première année du mandat de Macron, ce budget témoigne de la ligne de conduite adoptée par le gouvernement et expose de manière ostensible ses priorités. C’est au terme de ce quinquennat que nous verrons si le défi que s’est lancé l’actuel Président de la République aura réussi à convaincre les français et servir comme il se doit leurs intérêts. Succès ou revers, ce qui est certain à l’heure actuelle, c’est que de grandes réformes sont « en marche ».