Baccalauréat 2021 : une révolution ?
C’était une des promesses de campagne du candidat Emmanuel Macron. Le baccalauréat, très vieil examen qui n’ayant cessé d’évoluer au fil des années, va encore changer.
Un nouveau cap
Plusieurs séries sont proposées pour les lycéens dans leur orientation. L’entrée en classe de première est marquée par la spécialisation dans une série, proposant des enseignements de tronc commun et de spécialité. Il existe un baccalauréat général (trois séries), un baccalauréat technologique (7 séries) et un baccalauréat professionnel (plus de 90 spécialités).
Les années de lycées sont sanctionnées par des épreuves en classe de première (français voire sciences) et des épreuves en classe de terminale. Les épreuves finales sont aujourd’hui en France beaucoup plus nombreuses que dans les autres pays, ce qui alourdi l’examen actuel. La concentration, d’ailleurs, d’un grand nombre d’épreuve (environ quinze) en un laps de temps très court (une semaine environ) n’est en réalité qu’une période intense d’anxiété pour les lycéens et cela n’apporte pas grand chose.
Dans le but de réformer cette institution nationale, Emmanuel Macron a décidé d’inscrire dans son programme une grande réforme, visant à proposer une nouvelle organisation du temps scolaire pour les élèves et leur proposer également plus de choix. On a pu entendre que le candidat voulait instaurer un baccalauréat “à la carte”. En réalité, la volonté de l’élève est importante car elle permet de l’aider à effectuer des choix pour l’orientation post-baccalauréat et de préparer au mieux l’arrivée dans l’enseignement supérieur. En effet, le taux de réussite pour la première année de licence est très bas et cette revalorisation du baccalauréat devrait permettre de devenir un véritable tremplin pour l’avenir.
Élu président de la République, Emmanuel Macron, sur proposition du Premier Ministre Édouard Philippe, nomma Jean-Michel Blanquer, ancien directeur de l’ESSEC, ministre de l’Éducation Nationale. C’est d’ailleurs dans son discours de politique générale que le Premier ministre a précisé que la première session de ce nouveau baccalauréat interviendrait dès 2021.
Dans le but d’apporter une solution nouvelle et concertée, le ministre confia au Pierre Mathiot, professeur des universités, le soin d’effectuer un rapport sur le baccalauréat de demain. Un rapport d’une soixantaine de pages a été rendu le 24 janvier 2018.
Un changement concerté
La question de la consultation est devenue importante, dans le but de récolter des témoignages, des avis, des idées. Pierre Mathiot a donc, durant ces mois de travail, entendu la voix des représentants et des institutions qui sont concernés par cette nouvelle réforme.
Il a également été à la rencontre des premiers concernés, les lycéens, à travers des réunions d’information, des ateliers et surtout, par le biais d’une consultation en ligne, ouverte à tous. 40 000 lycéens ont répondu à cette enquête et se sont donc exprimés quant à leurs souhaits pour leur futur.
Des discussions sont également survenues à l’international, afin d’obtenir un point de vue externe sur la situation de la France.
Un bouleversement sur l’orientation
La réforme du baccalauréat prévoit également une nouvelle organisation concernant les enseignements, avec la fin des séries en voie générale. Trois enseignements seront offerts par le lycée.
Le premier, tout d’abord, est un socle de culture commune. Dans ce dernier, on retrouve des matières telles que le français, l’histoire-géographie, les langues vivantes et également une nouvelle matière, dont l’intitulé est mystérieux : humanités scientifiques et numériques.
Ensuite vient les disciplines de spécialité que l’élève devra choisir. Le choix est très varié et c’est l’élève et uniquement l’élève qui sera maître de ses choix. En première, il devra en sélectionner trois et son choix devra s’affiner pour n’en prendre que deux parties les épreuves suivies auparavant. Des enseignements facultatifs pourront permettre à l’élève de compléter son parcours et son dossier scolaire, à son bon vouloir.
Enfin, l’orientation reste un pilier pour le lycée. Un temps d’aide sera prévu pour préparer le futur des élèves ainsi que leur entrée dans l’enseignement supérieur.
Une nouvelle méthode
Le nouveau baccalauréat reposera sur deux axes : d’une part sur un contrôle continu et pour une autre part sur des épreuves terminales.
Si on s’intéresse au contrôle continu, il comptera pour 40% de la note finale. Le but est de sanctionner le travail tout au long de l’année fourni par les élèves. Il reposera sur les épreuves communes de la classe de première et de terminale (renommée classe de maturité). Ce sont les établissements qui seront en charge de l’organisation des épreuves communes. Une critique selon laquelle le contrôle continu n’est pas égalitaire est balayée car une banque nationale de sujets sera mise en place et mise à disposition des établissements. Les copies seront anonymes et ne seront pas corrigées par les professeurs que les élèves ont. À la fin de la notation, une harmonisation des notes sera effectuée, pour d’éventuels ajustements.
Concernant les bulletins scolaires, ils seront pris en compte pour la régularité du travail fournit. Cependant, il n’est pris en compte que pour 10% de la note finale.
Si on s’intéresse maintenant au plus important, les épreuves finales, elles vont représenter 60% de la note finale. L’épreuve de français en fin de première n’est pas modifiée. Pour la classe de terminale, un élève devra se présenter pour quatre épreuves finales.
L’élève aura deux épreuves écrites. Elles porteront sur les disciplines de spécialités que l’élève aura choisies en classe de terminale. Les épreuves seront passées au retour des vacances de printemps.
À la fin du mois de juin, comme à l’heure actuelle, il y aura deux autres épreuves. La première est la fameuse épreuve de philosophie, par tradition française et pour laisser le temps aux professeurs de terminer les programmes et d’inculquer un esprit critique aux élèves. Puis, un oral d’environ vingt minutes, préparé en classe de première et terminale sera présenté devant un jury composé de trois personnes. L’élève devra présenter un projet qui sera en lien avec une ou deux disciplines de spécialité que l’élève aura choisi.
L’accueil de la réforme
Cette nouvelle forme du baccalauréat a fait beaucoup de bruit car, en effet, on touche concrètement à une institution nationale très vieille et traditionnelle. Pour illustrer cette partie, petite sélection de tweets avec #Bac2021.
RIP à nos sections L-ES-S
La guerre est finie entre nous.#Bac2021— J- 108 ❤ (@LovatoKordei__) 14 février 2018
Les marchands ont gagné. C’est la fin du diplôme national du baccalauréat par l’introduction massive du contrôle continu. La valeur du diplôme variera en fonction de la réputation du lycée dans lequel il sera passé. Lycéen-ne-s c’est à vos droits qu’on s’attaque ! #Bac2021
— Paul Vannier (@Vannier75) 14 février 2018
Mignonne cette réforme du #Bac2021. Force est d’admettre qu’il y a sans doute des éléments positifs.
Mais sans investissements, sans classes moins nombreuses, sans meilleures conditions de travail, tout cela sera vain.
— Ludovic (@LudoHbg) 14 février 2018
Cette réforme fait des heureux et des malheureux. Comme à chaque fois, il y a des personnes qui sont en faveur et d’autres contre la réforme. La démocratie permet l’expression d’avis différents et le gouvernement est prêt à entendre les avis des personnes et institutions concernées dans la mise en place de ce nouveau baccalauréat.
Entre les professeurs, quelques questions se posent et il conviendra, dans le futur, d’apporter des solutions à ces problématiques.
Mais le baccalauréat n’est pas mort, il change.