DTA! – Interview de Pierre-Yves Bournazel

DTA! – Interview de Pierre-Yves BournazelTemps de lecture estimé : 6 min

Un nouveau député a accepté l’invitation de notre média pour répondre à nos questions. Il s’agit de Pierre-Yves BOURNAZEL. Il est le vice-président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, est également le porte parole du groupe “Les Constructifs” à l’Assemblée Nationale.

 

“Les Constructifs défendent des valeurs européennes, libérales-sociales et en faveur des réformes structurelles”

 

Comment s’est déroulée votre arrivée au sein de l’Assemblée ?

Entrer dans un lieu autant chargé d’Histoire vous oblige. Je me suis pleinement ressenti représentant de la Nation, avec le sérieux que cela implique. De même, j’étais déterminé à travailler dès mon arrivée, et cela n’a pas traîné : entre l’élection de la présidence de l’Assemblée et l’ensemble des débats et votes des projets de Loi sur la moralisation et sur les ordonnances sur le dialogue social. Je me suis investi dans la Commission des affaires culturelles et de l’éducation en prenant un rapport sur la lutte contre les discriminations.

 

Considérez-vous le groupe « Les Constructifs » comme une véritable force de propositions ?

Nous avons beaucoup travaillé sur les projets de loi qui ont été proposés à l’Assemblée (ordonnances pour le dialogue social, loi de confiance dans l’action publique entre autres). Ces projets de lois émanent du Gouvernement, nous avons donc beaucoup travaillé sur le contenu de ces lois. Pour moi, le Gouvernement va dans le bon sens, c’est pourquoi j’ai voté les textes dans l’intérêt général. Nous allons bien sûr être une force de propositions, car notre Groupe est disposé à ce que le pays aille de l’avant, et pour cela, nous ne nous contenterons pas uniquement de voter des textes.

 

Pouvez-vous expliquer en quelques phrases le fonctionnement d’adoption d’une loi ?

La procédure législative comprend trois phases : le dépôt du texte, son examen par les parlementaires, et sa promulgation par le Président de la République. L’esprit qui prévaut est la recherche d’un consensus entre les deux assemblées, c’est le principe de la fameuse « navette parlementaire ». Pour un projet de Loi, le Gouvernement défend le texte devant les parlementaires. Pour une proposition de Loi, il est présenté par un ou plusieurs parlementaires. Ces derniers ont un droit d’amendement, c’est-à-dire modifier le texte sur des points qui leur paraissent ambigus ou supprimer des éléments qui peuvent nuire à la compréhension ou à l’exécution de la loi. Chaque amendement doit être défendu, débattu, puis voté (ce qui peut expliquer la longue durée des débats).

Une fois l’ensemble du texte voté dans la Commission compétente, il arrive enfin dans l’hémicycle pour le débat en séance publique, avec droit d’amendement, devant l’ensemble des parlementaires. Si la majorité votent pour, le texte est alors adopté et arrive dans la seconde Chambre. Si le texte est adopté par les deux chambres, il est alors transmis au Gouvernement qui le présente à la signature du Président de la République pour promulgation.

 

Un député LC, c’est un député qui est forcément dans la majorité ?

Avec l’élection d’Emmanuel Macron, les partis politiques traditionnels doivent se réinventer et cesser d’être une face du jeu manichéen opposition / majorité. Alors non, un député LC n’est pas forcément dans la majorité, tout comme il n’est pas forcément dans l’opposition. Le groupe LC a été constitué pour rassembler tous les parlementaires qui refusent cette conception binaire du parlementarisme qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Les lois que nous soutiendrons, et que nous voterons, doivent tout simplement servir l’intérêt général (ce qui, doit-on le rappeler, doit être la première motivation de tout parlementaire). Donc nous apportons effectivement notre soutien au Gouvernement lorsque le projet de loi respecte nos valeurs et semble emmener la France vers la bonne direction. Nous considérons qu’il ne faut pas pratiquer une opposition frontale (ce qui ne nous empêche pas de contrôler efficacement l’action du Gouvernement lorsqu’il prend des positions qui nous semblent contraire à la ligne d’orientation). Nous avons ainsi une démarche véritablement constructive avec le Gouvernement, car il faut en finir avec les faux clivages politiciens lorsque l’avenir du pays et des français est en jeu.

 

Arrivez-vous à cohabiter ensemble, entre UDI et LR ?

Nous avons décidé de fédérer notre groupe autour d’une co-présidence. L’équilibre est ainsi garanti et nous préserve de rivalités qui en réalité n’ont pas lieu d’être puisque nous sommes libres et unis. Parfois les avis divergent, ce qui est normal et sain pour le débat. Chaque député garde sa liberté de penser et d’action, mais nous allons dans la même direction. Plus qu’une cohabitation, nous partageons la même volonté et la même démarche : aller de l’avant, et faire en sorte que l’intérêt général soit toujours défendu pour que la France puisse se réformer en profondeur.

 

Les Constructifs ont-ils vocation à devenir plus grand ? Pourquoi pas devenir un nouveau parti politique ?

Notre Groupe parlementaire nous permet de faire émerger des idées nouvelles, et une force politique nouvelle pourrait advenir si des élus locaux et des citoyens y sont prêts.

 

Sur la loi de confiance sur la vie publique, votre groupe est assez peu intervenu : avez-vous une explication à cela ?

Les députés de mon groupe sont régulièrement intervenus dans les débats. Par exemple, j’ai voulu apporter ma contribution dans l’élaboration du texte, en proposant une extension des peines d’inéligibilité à toute personne définitivement condamnée pour antisémitisme, racisme et homophobie ou toute forme de discrimination. Les dispositions que j’ai proposées ont été reprises par le Gouvernement et je m’en félicite. Il y a également tout le travail des députés qui a été fourni en Commission.

 

Quelles sont vos véritables différences avec le groupe LR ?

Un certain nombre de points nous éloignent. Tout d’abord, je regrette la « droitisation » du discours de certains Républicains. Cette droite identitaire se place dans une opposition frontale, en prenant parfois le risque de critiquer des propositions que la Droite aurait pu faire si elle avait été en responsabilité. On ne peut plus raisonner en fonction de l’alternance traditionnelle des Groupes majoritaires. Les Constructifs défendent des valeurs européennes, libérales-sociales et en faveur des réformes structurelles. Pour cela il faut permettre au Gouvernement de pouvoir réformer en profondeur notre pays.

Quelle est l’ambiance au sein de votre groupe ?

Très cordiale et chaleureuse, et bien évidemment studieuse.

 


Propos recueillis par Arthur Lambert pour Les Décryptages. Nous remercions encore M. Bournazel pour avoir répondu à nos questions.

Arthur Lambert

LLB English & French law • Auteur d'un livre sur le harcèlement scolaire • Responsable de la rubrique "Dans Ton Assemblée". > twitter.com/Arthur_Lbt